Depuis vendredi 30 avril 2010, jour où le ministre de la Communication (MINCOM) Issa Tchiroma Bakary a fait des révélations sur le statut sérologique du journaliste Germain Cyrille Ngota Ngota décédé en détention préventive à la prison centrale de Yaoundé dans la nuit du 21 au 22 avril dernier, des dénonciations et autres condamnations fusent de toutes parts. A la suite des associations de personnes vivant avec le VIH-SIDA qui continuent de crier au scandale devant la vulgarité du Mincom qui, à en croire une d’elles, Positive-Génération, a fait une déclaration « qui est non seulement une violation de la vie privée d’un individu, du secret médical et surtout porte une grave atteinte à la lutte contre le VIH/SIDA et à l’image du Cameroun », l’Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC) vient de monter au créneau. « L’Ordre national des médecins du Cameroun a pris connaissance par le biais des médias du dossier médical d’un patient en l’occurrence le défunt Ngota Ngota Germain Cyrille (dit Bibi Ngota) », déplore d’entrée de jeu le communiqué de l’ONMC, signé de son président, docteur Guy Sandjon.

En effet, le ministre Issa Tchiroma Bakary qui, depuis la mort de Germain Cyrille Ngota Ngota n’a ménagé aucun effort pour communiquer sur les raisons de son incarcération et aussi de son décès, a déclaré publiquement que l’homme de média est décédé des suites d’infections opportunistes subséquentes au VIH. Des conclusions qu’il dit tenir des rapports du responsable de l’infirmerie de la prison centrale de Yaoundé. « … J’ai l’honneur de vous présenter les circonstances et les causes du décès du nommé Ngota Ngota Germain Cyrille. Il s’agit d’un patient de 39 ans qui a été reçu à l’infirmerie le 11 mars 2010 au lendemain de son incarcération pour la visite médicale de routine. A la date sus indiquée, l’examen médical a mis en évidence l’hypertension artérielle (190/ 120 mm Hg) et la hernie inguinale gauche non compliquée. Le dépistage volontaire du VIH/SIDA proposé à l’intéressé s’est révélé positif mais ce dernier n’était pas venu retirer le résultat […] Le 05 avril 2010, le patient se présente à nouveau en consultation pour une fièvre élevée et l’éruption cutanée généralisée, il est tout de suite admis en observation à l’infirmerie pour des investigations complémentaires et une prise en charge appropriée. C’est ainsi que les résultats de la sérologie VIH/SIDA positive sont annoncés au patient… », avait entre autres précisé Issa Tchiroma Bakary.

L’ONMC va sévir…

Emboîtant le pas à leurs patients (personnes vivant avec le VIH-SIDA) qui rappellent que « le dévoilement du statut sérologique d’un individu même s’il a des objectifs de santé publique doit être mis en balance avec les droits de l’individu à la vie privée et à la confidentialité, et fondé sur les droits de l’Homme », les médecins réunis au sein de l’ONMC  poursuivent, dans leur communiqué rendu public hier, mardi 4 mai, par une révélation forte de signification pour leur corps de métier : « Cette façon de procéder a profondément choqué les médecins que nous sommes car le secret médical est un droit absolu pour tout patient comme le stipule l’article 4 du titre 1er du décret n° 83-166 du 12 avril 1983 du président de la République portant Code de déontologie des médecins. » Surtout que, la récente sortie du MINCOM entre en contradiction avec les principes de l’ONUSIDA sur la confidentialité et la sécurité des informations sur le VIH-SIDA à savoir : le respect de la vie privée, la confidentialité et la sécurité.

Approchés par Le Messager après le point de vue de la structure (ONMC) les regroupant, nombre de médecins pensent même que « c’est dès le lendemain de la déclaration honteuse faite par Issa Tchiroma Bakary qu’il fallait réagir. » Cependant, ils reconnaissent qu’il ne se fait pas tard et que, l’ONMC devrait aller très loin en sévissant, par des sanctions à l’encontre du responsable de l’infirmerie de la prison centrale de Yaoundé qui, à en croire Issa Tchiroma Bakary, serait celui qui lui aurait remis des éléments du dossier médical de Germain Cyrille Ngota Ngota. « L’Onmc est bien structurée, avec des instances juridictionnelles internes. Nous ne tolérons pas les dérapages », confie un membre de l’ONMC qui, au passage, rappelle fort opportunément, à l’intention de tous les médecins exerçant au Cameroun, le troisième paragraphe de leur communiqué : « Nous profitons de cette occasion pour rappeler à tous les médecins du Cameroun le strict respect du Code de déontologie pour lequel nous avons prêté serment. »

C’est, par la présentation de ses sincères condoléances à la famille du journaliste Bibi Ngota si durement éprouvée, que l’Onmc achève son communiqué. Sont vivement attendues, les réactions du ministre de la Santé publique André Mama Fouda et du Premier ministre Philemon Yang. Car, la sortie médiatique de Issa Tchiroma Bakary au sujet du statut sérologique de Bibi Ngota, contribue à ternir l’image du Cameroun. Comme s’est demandée l’association Positive-Génération, quel investisseur viendra investir dans un pays où le statut sérologique peut être révélé dans les médias par le ministre de la Communication ?

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